Bob Marley & The Wailers : 1973-1976 / Lee Jaffe, Jérémie Kroubo Dagnini. Paris : Camion Blanc, 2013. - 297 p. (ill.), 30€.

Bob Marley & The Wailers : 1973-1976

Bob Marley & The Wailers : 1973-1976 Lee Jaffe JKDEt un de plus, un! Le moins que l'on puisse dire, c'est que ça ne chôme pas du côté de Jérémie Kroubo Dagnini qui après des débuts en forme de "survols" de l'histoire de la musique jamaïcaine, continue de nous régaler depuis 2012 avec des zooms inédits en français au sein de cette même spécialité. Un parcours sans faute qui, non content de me faire faire un flashback vers mes premiers amours Reggae -je sais, je sais, "parcours" atypique, ne vous déplaise, exit les Madness et autres Specials!-, m'amène en plus à faire de la mise à jour sur ce site : faudrait pas que ça devienne trop rare!


Bon, et bien perso, je ne me rappelais plus qu'il y avait eu un Wailers blanc, et je me demande même si je l'ai calculé un jour... La faute à une unique lecture trop précoce de Roger Stephens peut-être, celle à une absence de crédit récurrente sur les pochettes de disques plus certainement, et plus sûrement encore à une présence très rare de ce new-yorkais sur les photos d'époque des Wailers. Je reprends d'ailleurs à l'instant un bouquin acheté une bouchée de pain il y a quelques mois pour une paire de belles photos jamais croisées, "Exodus : les 30 ans" [Ed. E/P/A, 2007] : les seuls blancs qui y apparaissent sont les chefs politiques jamaïcains, Chris Blackwell, Marianne Faithfull, les Clash, Johnny Rotten et quelques punks et skinheads dans les rues de Notting Hill -les fameuses photos-. Pas de traces de notres Wailers blanc. Les raisons? A un an près, ça sort du cadre chronologique amené par notre bouquin du jour, pis Lee Jaffe, puisqu'il s'agit de lui, se trouvait plus souvent derrière le viseur d'un appareil photo que dans son cadre.


C'est donc une aventure de 3 ans auprès du groupe au succès en devenir que Lee Jaffe raconte. Il est bien aidé et orienté par Jérémie Kroubo Dagnini dans ce livre qui prend la forme d'un entretien au long cours ; celui qui fut un temps harmoniciste des Wailers y relate un parcours qui est tout sauf ordinaire... Des galeries d'art contemporain new-yorkaises aux favelas du fleuve de janvier, du Chelsea Hotel au jet privé de Chris Blackwell se posant un peu partout dans les Caraïbes, du speed à l'herbe du bush jamaïcain, du Kingston downtown à la scène de Central Park, de la hutte de Bunny Livingstone au trafic international d'herbe, des studios jamaïcains aux noms ronflants de la musique américaine, d'une relation franchement amicale avec Bob Marley à la production du "Legalize It" de Peter Tosh, des virées avec un certain Take Life à celles en compagnie de Basquiat... Ça paraît sans queue ni tête, fourre-tout, incroyable, des histoires, et pourtant... C'est juste la vie d'un gars auprès de quelques autres qui tentent désespérément de se faire entendre auprès du plus grand nombre et qui finissent par y parvenir.


Le tout est pour le moins agréable à lire, sans prises de tête, amené là comme une discussion informelle aux tics de langage omniprésents, mais avec des propos appuyés ou confrontés à d'autres sources. Et puis il y a de nombreuses photos : en noir et blanc pour le coup mais qui illustrent très bien le propos tout du long. Ce sont, pour la plupart, celles de l'interviewé. C'est donc la moindre des choses si elles font sens. Au final, une lecture estivale parfaite, un truc qui a l'air d'une longue rêverie, qui pose des questions sur le rôle du hasard dans un parcours individuel, bref, une lecture toute aussi bonne pour quelques froides soirées d'hiver. On attend désormais la version avec photos en couleurs!


[20/07/2013]



Pour aller un peu plus loin avec Jérémie Kroubo Dagnini :