Bon, c'est quoi tes projets pour 2006, j'ai lu 3 nouveaux Cheribibi en un an, c'est quoi cette histoire?
Ah, ah! Je connais tes sources! Mais je n'dirais rien! Ou alors juste un peu. Disons qu'à 30 balais passés, j'en ai marre de reléguer ma passion pour le fanzinat dans les marges de ma vie professionnelle (t'as vu les délais de parution?). Et vu que dans le même temps le Chéribibi a un sérieux probloc pour fournir la demande réelle qui dépasse largement son tirage (300 ex.), me décidai-je à sauter le pas et à m'engager sur la voie ô combien périlleuse d'une professionnalisation progressive du zine. Ce qui s'est traduit par un certain nombre de coups de fil et à la formation d'une petite équipe qui, j'ose l'espérer, tiendra la route. On vient de monter une asso éditrice consacrée à la «promotion» des cultures populaires, et donc après le n°15 il n'y aura pas de n°16 mais une nouvelle série plus régulière et imprimée cette fois, ce qui implique hélas l'abandon des pliages tarés (et les plieurs de dire ouf.). Pour ce qui est du contenu, pas de réel changement Jean-Pierre, vu le tas d'itws en attente de publication comme celles du DJ DON LETTS, de Derrick HARRIOTT, de l'écrivain et ami Steve GOODMAN, de Mickey DREAD, Dave BARKER, Glen ADAMS, Susan CADOGAN, etc. De plus, une plus grande constance de parution permettra de refaire des itws de types à l'actualité plus mouvante et également de couvrir des domaines plus larges comme le théâtre, le cinéma, les arts plastiques et la littérature. En outre, davantage de contributions rédactionnelles ça veut dire un éclectisme encore plus vaste, car à titre d'exemple, même si ce ne sont pas des trucs qui me font personnellement kiffer, les musiques d'Amérique Latine ou le cinéma africain ont tout à fait leur place dans Chéribibi . Et si j'aime le Hip-Hop et l' Afro-Beat , le théâtre de rue ou le Pulp américain, je m'y connais pas assez pour m'y coller. Là je vois un ou deux rasés inquiets qui se demandent si ça va rester pour autant un skinzine . Mais le Chéribibi est un skinzine uniquement parce qu'il est fait par un (des) skin(s) et qu'il parle principalement de ce qui plaît à ses auteurs. Rassurez-vous, je vais pas arrêter de parler de Oi! et de Reggae si le zine dépasse son lectorat initial de Skinheads! Au contraire, peut-être qu'il deviendra -s'il ne l'est pas déjà- un espace de dialogue et de rencontre (36 15 Bibi) visant à briser les communautarismes pour faire ressurgir les liens fondamentaux de sens reliant les différentes cultures et moyens d'expression populaires. Voilà, j'en dis pas plus, sauf que ce sera pas diffusé par les NMPP mais dans les réseaux parallèles et qu'il faudra donc vitalement que les lecteurs suivent si on veut avoir une chance d'affronter durablement la presse de marché.
Tu fais quoi en dehors des activités liées à la zique?
Je drague à la terrasse des cafés, je dérive dans Paname et ailleurs, je dors trop, j'dessine pas assez, j'répète et chante au sein des ROCKERS FUCKERS ( Psychoi! approximatif avec d'anciens CIVIL AGRESSION et TRICKARD dedans),. Ah si, j'suis emploi-jeune (sic) et activiste à plein-temps au sein d'une asso de chômistes et précaires en colère (www.apeis.org) dans laquelle ma tâche principale et néanmoins historique, outre de faire pleurer les directeurs d' Assedic à force d'occupations sauvages, est de pondre not' beau canard «-Existence!» tous les 2-3 mois (abonnez-vous!).
Plus loin je vais te demander si t'étais bon en gym... Tu fais du sport comme Flav qui court toute la journée ou comme Alban qui décolle pas du banc des supporters?
J'essaye de danser et de faire l'amour le plus souvent possible. Pour une réponse plus terre à terre (parce que l'amour c'est plus confortable dans un lit, convenons-en), j'eu pratiqué divers chinoiseries et japoniaiseries étant ado mais ai récemment raccroché gants et chaussons au noble art du pugilat à la française faute d'assurer la constance minimum nécessaire des 4h/semaine. Je continue néanmoins à lever le coude à défaut de lever la jambe. Pour ce qui est de supporter, hormis les Reggae Boys de Jamaïque et le Red Star 93 FC (on est en CFA2!), j'en ai rien à foot. Maintenant, pour ce qui est du zine, ça ne me dérangerait aucunement qu'on y cause de culture sportive populaire (un peu dans la démarche de la FSGT - Fédération sportive et gymnique du travail ) si c'est pas écrit avec les crampons. On a d'ailleurs, dans l'itw de José, évoqué le footballeur jamaïcain Skilly COLE, grand pote à MARLEY. Mais mézigue, à part un historique de la savate ou du Red Star , je vois pas ce que j'arriverais à pondre.
Ah oui aussi un truc: j'ai une fuite d'essence sur mon Acma 56 , je crois que c'est le pointeau du carbu, tu peux m'aider en bon scooteriste!?
Là tu prend des risques, les scooters j'les apprécie qu'avec les yeux (1956. c'est un GS que t'as?) et j'ai même pas l'permis (boire ou conduire.). Mais si t'as un probloc sur ton vélo, passe à la cité, si j'arrive pas à l'réparer y'a bien un gentil lascar qui t'en chourravera un neuf.
Bon, j'ai sûrement oublié quelque chose... Vas y avant que je te jette dans la série de questions persos parce que toi c'est sûr tu dois avoir plein de trucs sur ta table de chevet!!!!
Bah Jean-Pierre, ce que t'as oublié j'en sais rien, j'ai juste essayé d'pas être trop long (c'est raté mais t'as vu l'nombre de questions?), alors comme à L'école des fans, j'en profite pour saluer les copains-copines dans la salle parce que sans eux, leur patience à mon égard et leur bonne humeur inébranlable, la vie vaudrait pas la peine d'être vécue. Merci aussi à tous les lecteurs du Chéribibi pour leur intérêt et leur patience itou. Merci et bonne continuation à REST (in peace?) et Jacques Martin pour le micro. Faîtes des zines, des groupes, de la peinture, la révolution, ce que vous voulez mais faîtes pas chier!
Qu'est ce qu'on trouve sur ta table de chevet ?
Hélas, j'ai pas de table de chevet. Mais au pied d'mon pieu, on y trouve. Attends je mate. Un Perry roulé en boule, un radio-réveil cassé qu'on m'a offert au taf dans le vain espoir d'enrayer mon retard chronique et une pile de bouquins récemment consultés: «Nowhere To Run - The Story Of Soul Music» de Gerri HIRSHEY ( Penguin Books 1985); «Héros oubliés du rock'n'roll» de Nick TOSCHES ( éd. Allia 2000, une vrai bible!); «Hot Brains»(un vieux zine R'n'R ); BRA 6 avec l'itw de mon très cher Vince; le dernier Burn Val Burn ; «Belzébuth», roman SF de Jean de la HIRE (é d. d'Hauteville 1954) que m'a prêtée Riri des Barrocks ; le bouquin/DVD «Western spaghetti» ( Sevensept 2005) contenant «Le dernier face à face» (Faccia a faccia. ça vous rappelle rien?) de Sergio SOLIMA avec Tomas MILAN et Gian Maria VOLONTE (1967); «Le journal de Frida Kahlo » ( éd. du Chêne 1995); «Miettes» de Robert CRUMB ( Seuil 2001) qu'il faut que j'rende depuis un mois à la bib'; le Manière de voir n°80 titré « Combats pour les médias»; le N° d'été de CQFD et enfin le cadeau d'anniv' que m'a offert Fanfan (merci mon pote!): «Supermurgeman» (BD de Mathieu SAPIN, éd. Dargaud 2005) dans un épisode intitulé fort à propos «La menace communiste ».
C'est quoi le dernier disque que t'as acheté, écouté ?
Derniers skeuds achetés: La Clinique du Dr Schultz et les deux 45T de MAGIC LORD & THE BOVVER BOYS que je ne saurais que trop vous conseiller (dispo chez Patate Records ou via Red Head Man ). Mais depuis que j'ai de quoi en lire, j'achète surtout des DVD : « I Put A Spell On Me» pour le dernier, un documentaire aussi fendard qu'émouvant sur SCREAMIN' JAY HAWKINS, ainsi que deux westerns avec Lee VAN CLEEF : «Le dernier jour de la colère» de Tonino VALERII et «Pas de pitié pour les salopards» de Giorgio STEGANI. Dernier skeud écouté (en ce moment même): The Selecter live («Out on the streets» LP ), pis après je vais me repasser en boucle une vieille K7 de Laurel AITKEN pour noyer mon spleen (so long Daddy).
Magazine, fanzine préféré ?
J'lis absolument tout ce qui me tombe sous la pogne, donc en gros, au boulot c'est la Nouvelle Vie Ouvrière , Alternative Libertaire, L'Huma , Le Parisien et Libé ; Le Canard Enchaîné et VSD chez mon dab; France Dimanche chez ma mère-grand. Sinon je rachète régulièrement Mad Movies depuis qu'un ancien pote du SHARP écrit dedans, Natty Dread et Tatouage Mag parfois, L'Envolée (canard de soutien aux taulards) quasi systématiquement (une pensée pour l'ami Abdel-HAFED entaulé) et évidemment presque tous les zines que je peux pécho au Born Bad et au Regard moderne (j'suis trop feignasse pour consulter les listes VPC ). En fait, j'aime tous les zines qui ont un ton personnel et sont documentés ( Earquake , UVPR , Meantime et Les Caves étant des exemples parfaits). Mes favoris du moment sont Knoxville County Redneck Tribune pour le talent d'écriture et d'humour de son rédacteur (j'suis toujours pas remis de son récit d'la rencontre entre un skin et Jésus!), Trash Times et Larsen pour leurs maquette agréable et leur documentation impressionnante dans les domaines respectifs qui sont les leurs (le ciné bis et le R&B ), ainsi que le zine anglais Naked , un truc de freak totalement déjanté. Ah si, je déteste les zines qui ne servent à leurs auteurs qu'à faire l'étalage de leurs rancoeurs ou qui se bardent de symboles romantico-skinedo-révolutionnaro-machin à toutes les pages pour tenter de faire oublier la pauvreté de leur discours, ce quelque soit la teneur (a)politicarde dudit discours. Dernière chose, je regrette que Lord ne fasse plus THE NUTCASE, que l'ami Laurent ne fasse plus BIG 5 et qu'on ait par conséquent plus un seul zine d' Early Reggae pointu tel qu'on en trouve en Espagne ou en Suisse (avec l'excellent We Dare , rédigé en allemand malheureusement pour moi) à se mettre sous la dent.
Film de De Funès préféré ?
«Comment Salomon, vous êtes juif?», une des plus drôle réplique du cinoche d'chez nous. mais mon cour va à «La soupe aux choux».
Plat préféré ?
« La soupe aux choux ». et « le saucisson corse ».
T'étais bon en gym?
Non, j'ai toujours été souple comme une baguette de pain (et guère plus épais), mais comme dirais l'autre, «avec ta barre de fer dans ta baguette de pain, t'as toujours été plus qu'un français moyen». (non, non, remet ta barre dans ta braguette, c'est une image).
As-tu déjà eu une expérience surnaturelle?
J'ai beau louffer au clair de Lune, je désespère de voir un jour surgir une soucoupe volante.
Et si t'étais un animal ?
Eric BURDON plutôt que Chas CHANDLER (quoiqu'il fut quand même le manager de SLADE).
Tu penses à quoi en premier quand tu te lèves ?
«Mais où suis-je?»
C'est qui le personnage mort ou vivant que t'aurais aimé rencontrer ?
J'aurais adoré voir en concert Boby LAPOINTE, KORTATU, les DEAD KEN', Eddie COCHRAN et OTH (et tous ensembles SVP), être au Zaïre pour le match ALI/FOREMAN et assister à toutes les éditions du festival national de la chanson en Jamaïque entre 1962 et 1972, sinon rencontrer Sergio LEONE, Jacques PREVERT, Vince TAYLOR, Fela KUTI, Yasser ARAFAT, Nelson MANDELA, Jackie CHAN, Jim KELLY, Claudia CARDINALE dans sa jeunesse, Drew BARRYMORE puisqu'elle est américaine (LSD rules). Ceci dit, je ne désespère pas de rencontrer un jour en vrai Fred EARQUAKE, mais pas pour les mêmes raisons.
C'est quoi les choses les + importantes pour toi dans la vie ?
La réponse super sérieuse serait «la conscience de classe avec classe», mais plus prosaïquement une bonne paire de Docs et des bretelles qui tiennent la route (et pas des bretelles d'autoroute) font l'affaire. Après, si je regarde au fond de mon être intrinsèque comme l'on va à confesse, c'est les femmes et le rock'n'roll, la tendresse et l'amitié (mais n'est-ce pas la même chose?).
Et là on arrive au bout du bout mais, puisqu'on cause de la vie et de son importance, il me reste encore quelque chose à déclarer (meeeerde). Tes questions sont très personnelles, appelant à déborder le cadre de «l'objet» Chéribibi pour amener à jacter sur ma gueule. C'est là toute l'habileté de l'interviewer que de faire accoucher sa victime et tu t'en sors très bien cher Don Quijote, surtout avec un moulin à paroles comme mézigo. Parler de soi est toujours dangereux, pas par rapport aux informations divulguées (les services de renseignement ennemis en possèdent de plus précis s'ils font bien leur job), mais parce que l'on s'expose (ce au risque de paraître imbu de sa personne). Et soit on baisse sa garde, on ne joue plus son rôle, soit on s'enferme dans cette même garde, et on le surjoue. Le résultat, en boxe anglaise comme dans le monde où nous évoluons, est au final le même. Tu te demandes peut-être ce que je viens de fumer mais je vais tacher d'être plus clair : pour répondre à un questionnaire comme le tien, soit on aligne les bons mots et les vannes, soit on se livre pour le vrai. Que faut-il faire alors? Se mettre trop en avant au risque de se faire ramasser, ou prendre trop de recul et finir dans les cordes? J'ai tout à l'heure usé d'un subterfuge pour repousser la question portant sur «les skins méchants d'hier et les skins gentils d'aujourd'hui», et donc par là visant à savoir si ceux d'aujourd'hui sont vraiment des skins puisqu'ils ont peut-être perdu l'authenticité qui faisait leur force en ne dépouillant plus de blousons aux gentils punks. Ce qui revient à dire, si je te pige bien, que l'authenticité des skins se situe dans leur capacité à faire peur. En un sens c'est pas faux. Mais à qui fait-on peur? À la maman africaine dans le métro qui croit avoir affaire à un nazi ou au petit bourge qui n'a que mépris pour la racaille des cités populaires? En tant que skin d'une cité populaire, si je fous les jetons à la première, ça me fait chier, mais si c'est au second tant mieux, c'est mon ennemi. Quoiqu'objectivement, celui qui désire faire peur effraye avant tout qui il peut, c'est-à-dire plus petit ou moins fêlé que lui. La légende veut qu'avant, tous les skins étaient des cogneurs sans peur à défaut d'être sans reproche. Vu la violence parisienne en vigueur du début des 80's au milieu des 90's, c'est assez vrai (c'est nettement moins le cas aujourd'hui et, pour avoir connu la fin de ladite période, c'est pas moi qui m'en plaindra). Mais dans toute bande de skins, comme dans toute bande de lascars toute époque et style confondue, il y a les cogneurs et les amuseurs, les grandes gueules et les silencieux, des ados, des plus âgés et pas assez de filles, des lâches, des courageux et des têtes brûlées. Les skins rescapés de 69 traitaient de «skins en plastique» ceux du début 80, et ainsi de suite. Je préfère causer de ça dans le cadre de cette question sur les choses importantes dans la vie parce que la mouvance Skinhead en est une. Un trip dans lequel je me suis reconnu et retrouvé, qui m'a permis de m'assumer, quitte à recevoir et à donner (même si j'ai eu ma période de dangereuse inconscience), à courir comme un dératé ou à finir la gueule sur le pavé avec la satisfaction d'avoir fendu la lèvre de l'adversaire même si lui t'as éclaté le reste. Une carapace et une identité. Mais assumer ce que je suis ce n'est pas jouer à ce que je ne suis pas. Car les vrais voyous, les vrais casse-cou, ceux qui n'ont véritablement rien à perdre et qui mettent tout en jeu sur un simple regard mauvais, ceux-là, aussi purs soient-ils, ne peuvent tenir le rythme indéfiniment. Une lame, une seringue, une cellule, un guedin plus jeune qu'eux ou un pêtage de plomb généralisé met tôt ou tard fin à leur carrière, et les plus chanceux d'entre eux regardent tranquillement grandir leurs mômes avec un bonheur mérité. A contrario, ceux qui n'ont fait qu'un passage dans la voyouterie de bas étage pour jouer les affranchis au grand méchant look devant trois hippies sont rapidement allés ramasser leurs billes ailleurs à la première tarte. Ces constatations, je n'ai d'ailleurs pas attendu de côtoyer des skins pour les faire, les tragédies de certains camarades de collège et de bande avec qui je faisais les 400 clowns dans le périmètre du quartier me l'a hélas montré très tôt. C'est pas un destin glorieux que de mourir à 15 ans pour avoir tenté de défendre sa réput' après s'être fait arnaqué sur trois kilos de merde («shit» en anglais). La pente est savonneuse, il est parfois préférable de ravaler une fierté pas forcément bien placée car le jeu n'en vaut pas toujours la chandelle et j'suis pas persuadé que jouer les terreurs fasse ton bonheur. Je connais deux anciens «blousons noirs» qui zonaient en bande sur le pavé parigot du début des 60's, y baladant leur dégaine et leur identité ouvrière l'un c'est Christian, fan de Reggae depuis les années 70 qui m'a branché avec José JOURDAIN et Hélène LEE. Lui c'était plutôt la baston à coup de chaînes de vélo dans les parcs du 15ème au temps où ce quartier était encore popu (oui c'est dur à croire aujourd'hui). L'autre c'est mon géniteur pour qui le plus important était de trouver de quoi payer un café à une gonzesse draguée sur les Grands Boulevards puis un coin peinard pour la suite parce que «no particular place to go». Malgré leur approche sensiblement différente de la zone, aucun des deux n'était pour autant moins authentique que l'autre. Faute de finances, mon dab avait un blouson noir en laine, tricoté par sa tante. et personne ne se foutait de sa gueule parce que les grands méchants comme les plus gentils avaient cette putain de conscience de classe, même si la politique leur passait largement au-dessus de la banane. Alors plus que le délire de petites frappes cherchant à être le plus bête et méchant possible afin de se conformer à la légende et finalement n'arriver qu'à parodier une époque fantasmée (celle des Halles en ce qui concerne la capitale), je crois que c'est cette perte de la conscience de classe dans les mouvances issues de la rue qui constitue la vraie perte d'authenticité du trip skin. C'est pas en frappant un quota quelconque de types quelconques qu'on est plus ou moins skin, c'est en sachant d'où l'on vient à défaut de savoir où l'on va! Si on est dans ce bain-là c'est quand même qu'on a tous une fêlure, familiale, sociale, mentale. Je soigne la mienne selon l'adage de VOLTAIRE: «Qui sait rire de lui-même n'a pas fini de rigoler».
Je suis pas skin pour me couper du monde, pour préférer le communautarisme au collectif, mais simplement parce que j'adore le Reggae , méprise les bourgeois et ai toujours mis des bretelles! Un monde où tout le monde serait skin m'emmerderait grave. C'est pour ça d'ailleurs que j'aime les concerts Barrocks où se côtoient skins, punks, rockers et autres, sans bras croisés ni airs mauvais. Pour finir cette longue diatribe sur le sens de la vie (désolé, fallait pas m'inviter), citerais-je -une fois n'est pas coutume mais la foi ne fait pas partie des miennes- un facho qui cherchait avec ses copains à faire «ami-ami» jusqu'à la prochaine ruelle avec deux potes et moi, soit trois skins, lors de la fête de la musique (fête de l'embrouille) 1993. Il nous demandait avec insistance quelles étaient nos opinions politiques, et mon cher ami (celui qui figure en couv' du Chéri 14 d'ailleurs) lui sorti: «On milite pour la joie de vivre». Le faf de rétorquer: «Ah, vous êtes malheureusement de gauche».
L'important dans la vie c'est ça: la joie de vivre (vivre libre ou se battre pour vivre libre)."
Réactions, commentaires? Alors ça peut continuer sur l'Agora, par ici...
Pour commander et lire les deux zines:
- Rotten Eggs Smell Like Terrible:
Mundodrama
BP 17
12450 La Primaube
Avec CD, contre 3€
Asso On y va
BP 17
94201 Ivry Sur Seine Cedex
Mail: asso.onyva@gmail.com
Contre un chèque de 5€.
Photos siglées par L69, sauf "SHARP Paris 1994"
et photo la plus ancienne avec Dennis Alcapone,
publiées avec l'aimable autorisation de Phil,
et pour l'ensemble, des intéressés.
Avec mes remerciements à T., de REST, et DPC.
SH (Janvier 2008).