Roll On Muddy River / The Pioneers. - Trojan TRLS 144, 1977.

Roll On Muddy River - The Pioneers

roll on muddy river pioneersVoici un album qui n'est, comme la plupart des 33Tours sortis par les groupes jamaïcains avant 1973 et le "Catch A FireBob Marley and The Wailers Catch A Fire" de Marley et ses Wailers, qu'un patchwork de titres déjà sortis en 45Tours, au fait près qu'à l'inverse de "Greetingsthe pioneers greetings", "Long Shot" ou encore "Battle Of The Giantspioneers battle of the giants", il ne se contente pas de compiler les titres enregistrés pour un producteur donné au cours de l'année écoulée, mais reprend 12 morceaux mis en boîte dès 1970. On ne parlera pourtant pas encore de Best Of puisque ce rôle est accaparé par "Greatest Reggae HitsPioneers greatest hits", sorti par Trojan en 1979. Entre temps, et à l'instar de "Roll On Muddy Rivers", "Pusher Manpioneers pusher man" (produit par Sydney Crooks) aura appliqué cette recette efficace à base de titres moins emblématiques du groupe.


En effet, en 1978, les Pioneers n'ont plus grande preuve à faire auprès de leur audimat, tant est que ce dernier a continué de le suivre et qu'il n'est plus, à cette époque, celui qui écoute précisément du Reggae. Si les années 1968-1969 avaient vu grandir un groupe à partir de ses bases jamaïcaines, la décennie 70's devait les voir mûrir encore jusqu'à devenir un band fleurtant allègrement et de manière totalement assumée avec la pop: Let Your Yeah Be Yeah et Give And Take en 1971, Papa Was A Rolling Stone reprise aux Temptations en 1972, At The Discotheque, une reprise du standard Northern Soul de Chubby Checker en 1973 en sont les exemples les plus retentissants et pas sytématiquement les moins bons, même si fortement récriés.


Mais ce serait confiner les Pioneers dans un rôle bien réducteur que de les limiter aux morceaux à violons. C'est avant tout un groupe vocal des plus versatiles, capable de rester encré dans ses origines jamaïcaines comme de tracter les ventes d'un label tel que Trojan à force de morceaux dits commerciaux. Preuve en est, leurs diverses apparitions tout au long de ces années, sous diverses appellations (Soulmates, Slickers, Reggae Boys, Soul Directions, Ramblers, Sidney, George & Jackie voire Sidney All Stars...) pour et aux côtés de bon nombre de producteurs (Joel Gibbson, Eddy Grant, Keith Chin, Sonya Pottinger..), et autres artistes en tant que backing-vocals (Jimmy Cliff, Winston Groovy, Dandy Livingstone, Desmond Dekker...). Il est aussi convenable de souligner que les Pioneers ont eu dès leur première tournée anglaise un joli succés sur scène, succés qui devait les conduire jusqu'au Caire en 1973, au Canada en 1975, année où ils furent le premier groupe de Reggae, avec les Cimarons, à se produire au Japon.


"Roll On Muddy River", dont la pochette représente le fleuve Niger, peut donc être considéré comme un réceptacle à ces années d'expériences diverses. Et ce ne doit certainement pas être un hasard si une grande partie du répertoire actuellement reproduit sur scène par le désormais duo, est tiré de ce pot-pourri à l'odeur sucrée et dansante, tel qu'ils ont toujours su le faire. Parmi les titres les plus notables pour nos oreilles, voire nos pieds, Starvation (dont il existe deux versions, l'une produite par Leslie Kong en 1970 et sortie sur Trojan, l'autre produite par Crooks et sortie sur le label Pioneer : PION 1A 1W). Roll Muddy River continue sur un tempo plutôt rapide et n'est pas sans rappeler les titres les plus violonneux des Pioneers. Get Ready jette un peu de chaleur dans cette face avec son rythme plus que ralenti qui souligne d'autant plus les superbes arrangements vocaux du trio, lesquels ne sont pas en reste dans le titre suivant, Sha La La, au service d'un texte dans la veine romantique. Comment ne pas parler de Reggae Fever, le morceau qui ponctue cette première face? Sorti en 1974 sur Attack, crédité à Sidney, George & Jackie, c'est un véritable Skinhead Anthem: il défraya la chronique en sortant à une époque où le mouvement Skinhead n'était à proprement parler pas très vital pour ne pas dire inexistant. Mais Jackie Robinson explique que le texte avait été écrit dès 1969-1970, ce qui correspond bien plus au "Reggae fever is good!... Skinhead, braces and big boots is the top of this town!" qui introduit cet excellent morceau. En retournant la galette sur la platine, on a droit à une reprise jubilatoire du Over And Over de Bobby Day (1958) où toute la quintessence du Gospel se fait sentir dans les appels/réponses et les crescendo; jolie tuerie... On qualifiera enfin Nine Pound Steel de petit passage Roots quand Sweet Sensation fournira un ultime témoignage du savoureux savoir faire des Pioneers. Bonne écoute...


Tracklist: A: Starvation (SUM 9511-A, 1970) - Roll Muddy River (TR 7860-A, 1972) - You Don't Know Like I Know (TR 7855-A, 1972) - Get Ready (SUM 8517-A, 1971) - Sha La La - Reggae Fever (ATT 8064-B, 1974) - B: My Special Prayer - Over and Over - Nine Pound Steel (HOSS 075, 1975) - Sweet Inspiration - Everything Nice (TR 7795-B, 1970) - Sweet Number One (TR 7939-A, 1974)




[2008 - MAJ 04/2009]



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