Reggae going international : 1967-1976 : The Bunny "Striker" Lee Story / [entretiens avec Bunny Lee par] Noel Hawks & Jah Floyd. - London : Jamaican Recordings, cop. 2012. - 190 p. (ill.) + 1 CD 22 titres, ca 20€ [anglais].
Voici venu le temps des biographies... Enfin, je parle pour moi, là, juste parce que cette fois-ci, c'est la traduction du People Funny Boy
de David Katz qui attend gentiment son tour à mon chevet, après avoir terminé cette histoire de Bunny Lee par lui-même. Ceci dit, de manière plus générale, la production éditoriale traitant de la musique jamaïcaine s'étoffe d'année en année et voit les angles d'approche se multiplier. La biographie/autobiographie en est un, et notre bouquin du jour a le mérite de sortir des sentiers battus par Marley dans ce genre bien spécifique. Ok, rien de nouveau sous le soleil, alors passons à la suite.
Les formes ont été mises dans ce petit ouvrage de 190 pages, avec sa couverture cartonnée et un CD 22 titres reprenant les principaux succès de la carrière de Bunny Lee. C'est le fait de Jamaican Recordings, un label de rééditions Reggae toutes époques confondues auquel ont participé Noel Hawks et Jah Floyd. Le premier a par le passé regroupé les textes de Bob Marley dans "Complete Lyrics Of Bob Marley : Songs Of Freedom" tout en prenant part, la même année, à l'édition 2004 du "Complete Guide To The Music Of Bob Marley
" de Iann McCann. Avant et après, c'est ni plus ni moins qu'une participation au "Guiness Who's Who Of Reggae
" en 1994 et multitude d'articles pour des magazines tels que "Billboard" ou "Record Collector" et autres sleeve notes pour les labels Blood & Fire, Greensleeves, Pressure Sounds, Soul Jazz ou encore Trojan. Un CV bien fourni auquel il faut rajouter la préparation en cours de "Jamaican Recordings : A History Of Jamaican Recording Studios". En plus de vous aider à cerner le fond de la biographie dont il est l'un des instigateurs, cette petite liste peut aussi pointer ce qui ne se trouve pas dans votre bibliothèque, voire ce qui ne s'y trouvera jamais. De mon côté, un choix est en instance et c'est encore Amazon qui va déguster. Faudrait pas pour autant oublier notre deuxième larron, Jah Floyd, qui a travaillé des années durant avec Bunny Lee en rééditant notamment des pans entiers de son catalogue sur des labels comme Jamaican Recordings ou Kingston Sounds.
Sur le fond, rien à redire : le texte est déroulé à la première personne du singulier, les anecdotes se suivent et sont confortées par des témoignages extérieurs, les notes sont nombreuses et les références discographiques tant anglaises que jamaïcaines aussi. Si l'on a quelques "auto-offrages de fleurs" qui sèment parfois le doute sur le propos, il reste impossible de minorer le rôle de Mister Lee dans le processus qui baptise ce bouquin bien nommé et qui en fait finalement un chic type. Rien ne dit qu'un autre n'aurait pas pris sa place pour traiter comme il l'a fait avec Trojan ou Pama, mais rien ne dit non plus qu'on aurait des classiques tels que Wet Dream, How Long ou autre Better Must Come à écouter aujourd'hui, pis avec des "si"... Le but du bouquin est bien atteint : en plus de donner des détails sur un acteur de la scène musicale jamaïcaine le plus souvent confiné à de la figuration -mais comment en vouloir aux auteurs vue la nébuleuse à laquelle ils s'attaquent?...-, on a plein de zooms sur des pratiques à peine évoquées la plupart du temps -le pluggin', ça vous parle?-, sur des sessions qui vous apparaîtront comme mythiques ou de simples faits de la vie quotidienne à Kingston qui, spliff ou pas spliff, vous transporteront dans un autre monde... Ben non, ça n'est pas une chronique pour ne rien dire : après tout, à quoi bon vous pondre un spoiler, hein? A se procurer, donc, qui plus est, il est écrit dans un anglais abordable, c'est moi qui vous l'dis, pis il y 'a plein de photos inédites sorties de l'album perso d'Edward O'Sullivan, devinez qui c'est, et de macarons de disques, le tout en N&B ! Attention quand même : âmes sensibles, s'abstenir... Les énumérations d'artistes suivis de "he's dead now" ou "he passed away" sont parfois longues et un peu difficile à encaisser. Et puis y'a pas d'index, mais... Ainsi va la vie... Ici, celle de Bunny "Striker" Lee!
[01/12/2012]