Mods : la révolte par l'élégance / François Thomazeau ; préface de Daren Tulett. - Bègles : Le Castor astral, 2011. - (Coll° Castormusic). - 192 p., 12€.



Mods : la révolte par l'élégance

mods françois thomazeau La critique est facile d'un côté quand de l'autre il est pour le moins délicat d'écrire sur des sujets aussi divers que les brasseries parisiennes, le rugby, le cyclisme, le tennis, Marseille et autres fictions. Certes, il faut bien vivre, et ce qui fait vivre certains c'est le journalisme. C'est donc le cas de François Thomazeau, auteur de ce petit ouvrage sur les Mods. En d'autres circonstances, la manière dont j'amène cette petite chronique aurait été le prélude à tout un tas de questionnements négatifs. Je n'ai pas lu les autres ouvrages de l'auteur, mais j'ai fortement apprécié celui-ci. Enfin, "fortement" reste à relativiser parce que tout n'est pas top, bien que plus sur la forme que sur le fond. Quant à l'intérêt et aux connaissances de notre auteur du jour pour le phénomène qu'il a tenté de décrire, je serais de fort mauvaise foi en tentant de les remettre en question...


Ce travail est d'autant plus remarquable que le lire après m'être régalé avec Mods : une anthologie de Paolo Hewitt, must en la matière, m'a apporté des éléments nouveaux et pas seulement des répétitions. Thème après thème, Thomazeau décrit ce qui fit et continue de faire un Mod, des années 1950 à aujourd'hui sans oublier de passer sur les années 1980. Mode, musique, danse, lieux, bagarres, cinéma, internationalisation, tout est décortiqué, non sans le recul nécessaire et la phrase qui tue quand une bizarrerie se pose là. Je pense par exemple à l'uniformisation du style Mod dans les années 1980, en contradiction totale avec ce qui faisait le Ace des tout débuts. On a d'ailleurs bien du mal de nos jours et dans la plupart des cas à voir qui est Mod et qui est Skinhead. Simple point de vue subjectif mais que l'auteur ne renierait sûrement pas. En tout cas, ça se lit, et bien, le grand plus ici étant en ce qui me concerne les descriptions proposées pour le post 60's.


Pour le négatif et sans m'y éterniser pour autant : quelques gentilles coquilles qui piquent pas trop les yeux, des références en plein dans le texte qui hachent le plaisir, l'absence d'index et même de table des matières -!- qui rendent impossible une recherche rapide d'info : peut-être est-ce dû au format poche choisi par cette collection au prix, en passant, tout à fait correct. Toujours est-il que c'est très très frustrant : ça donne un de ces livres que vous posez dans vos étagères et auquel vous retoucherez rarement, si ce n'est pour le relire par paragraphes entiers après avoir tourné et encore tourné les pages à la recherche de la chose à laquelle vous pensiez. Il me semblait qu'un index était facile à mettre en place avec les moyens dont disposent désormais les éditeurs... Bref, dommage. Puis il y a Clacton qui vient un peu bousculer les habitudes. Le plus souvent, il est question de Brighton comme premier théâtre des oppositions Mods vs Rockers : tout dépend donc du point de vue et c'est peut-être l'une des principales originalités de cet ouvrage. Enfin, un peu plus gênant, la chronologie au fil du texte, les dates, ne serai-ce que des années : c'est pas très net, ça pose problème parfois. A ce titre, la sympathique préface de Daren Tulett est symptomatique : pour quelqu'un né en 1965, dire qu'il a basculé en 1969-70 après avoir porté des chemises bariolées pour ensuite rester fidèle à ses idéaux de jeunesse, c'est juste un peu gros : qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse comme dirait l'autre...


[31/03/2012]