Babylon on a thin wire : once upon a time in Jamaica / Michael Thomas, photos Adrian Boot, traduction Vincent Tarrière. - Paris : Patate Records, 2012. - 143 p. (ill.), 30€ [anglais - français].

Babylon On A Thin Wire

boss sounds Voilà une acquisition sympathique, pas vraiment des bibles imprescriptibles, mais un de ces jolis livres à feuilleter à l'occasion, manière de s'imprégner d'une ambiance chaude, et ce, quel que soit le sens que l'expression peut véhiculer. Pour les tenues légères, le climat et la chaleur, donc, mais aussi pour la roublardise qui parsème ces pages, comme quelque chose qui peut virer du tout bon au beaucoup moins cool en un clin d'œil... Ou encore pour ces instants volés en soirée sound-system, dans la rue, au bordel ou ailleurs, peuplés de scènes, visages, looks et formes plus ou moins généreux, plus ou moins agréables à la vue. Des inconnus intègres ou ivres, jeunes ou vieux, fiers, toujours...


Ouais, c'est un bouquin qui vaut surtout pour ses photos, donc, celles d'Adrian Boot en Jamaïque pendant les années 1970, en N&B mais aussi en couleur, couchées sur le papier en vignettes, pleine pages et même sur des planches entières, les unes inédites, d'autres, et pas toujours les plus belles, auxquelles tout amoureux de Reggae est déjà bien habitué. C'est pourtant toujours bon de les revoir : d'une part parce qu'elles sont ici parfaitement légendées, en français comme en anglais, mais aussi parce qu'elles s'insèrent dans un contexte plus large que celui auquel on a pu être habitué au sens strict.


Ben ouais, parce qu'il ne s'agit pas à proprement parler d'un bouquin qui parle de Reggae et de ses acteurs majeurs. Rien à voir avec un livre académique non plus : sa lecture est agréable et à la portée du monde de la rue tellement c'est ce langage-là qui prime dans le texte de Michael Thomas. Et là encore, plus une ambiance générale qui déteint plutôt que des faits consciencieusement recoupés. Rien à voir avec des bouquins écrits à la même époque comme "Les racines du Reggae" de Sebastian Clarke (1981) ou "Aux sources du Reggae" de Denis Constant (1986). C'est tendu, ça parle de gangs, de politique, d'une dure décennie 70's pour le peuple jamaïcain, encore plus pour ceux de downtown Kingston, de flingues, de meurtres et ça tire à vue sur toute cette anarchie qui profite à ces profiteurs professionnels. Rien de Rasta non plus ici, tout le monde en prend pour son grade, du sufferer aux dread locks à Haile Selassie en passant par Marley. Très peu de recul, sur le chaud -encore-... Mais aussi prenant que ces grosses basses rondes qu'ont intronisé les 70's.


Au bout de tout ça, pas grand chose à voir avec l'époque et les bouquins chroniqués la plupart du temps ici, mais c'est bien parce qu'il tranche aussi bien que le skank d'une guitare rythmique roots dans le paysage éditorial dédié à la musique jamaïcaine, avec un titre, un texte et des photos qui se renvoient les uns aux autres dans une seule idée pourtant -pardonnez encore la métaphore, mais le chant en question/réponse m'est impossible à ne pas tenter de caser sur cette ligne!- qu'il mérite amplement sa place ici. Et puis, si la version "de luxe" vous paraît un tantinet trop onéreuse, il y a toujours la version texte en français uniquement, disponible chez AlliaBabylon on a thin wire allia pour 6€20. Bon, ce que j'en dis, c'est qu'il est plus facile à se procurer mais que ça risque de ne pas être le même témoignage de son temps. A vous de voir!


[02/11/2012]